Renaud Dumont

Somehow Developer @ Sparkle / NTWRK

Developer, author, networker. I blog (mainly in French) about technology. I organize events for developers in Belgium.


Comment la colocation a changé ma vie

Cela ne fait aucun doute, je suis quelqu'un de très influençable. Heureusement, personne ne semble l'avoir remarqué et ne s'en est servi contre moi... jusqu'à maintenant !

moving forward

Comme le savent certains, j'ai récemment emménagé à Mons en quittant pour la première fois la maison de mon enfance.

Je me suis exporté vers Mons pour plusieurs raisons, dont la principale était de me rapprocher du lieu de mes activités. C'est à Mons que je travaille. C'est à Mons que j'organise des évènements pour les développeurs, ou pour la communauté créative en général. C'est à Mons que je participe à de très nombreux afterworks.

J'ai pris l'habitude lorsque je dois prendre une décision qui bouscule mon mode de vie d'évaluer son impact sur certains points. Vais-je perdre ou gagner en qualité de vie ? Cela va-t-il m'aider ou non à atteindre mes objectifs à long terme ? Vais-je prendre plus ou moins de plaisir à faire ce que je fais chaque jour ?

Dans mon cas, seul le premier point est affecté. Avec cette délocalisation, j'augmente considérablement ma qualité de vie en évitant de faire d'insupportables allers-retours quotidiens entre mon domicile et Mons, et perdre mon temps dans l'enfer du réseau routier belge. Je perds sans doute un peu en confort, mais gagne en indépendance. Au final, je pense que la balance penchait en faveur du changement. Et puis, c'est l'ordre normal des choses.

work addict

J'ai par contre un réel problème - et je suis loin d'être un cas isolé - concernant ma relation avec le boulot. L'environnement dans lequel je travaille (le monde du numérique et des startups) est infesté de personnes addictes au travail. Ce n'est pas juste le travail pour le travail. C'est plutôt avoir conscience que des choses doivent être faites, et que personne ne les fera pour vous.

Pour ma part, il y a trop d'idées dans lesquelles je voudrais me lancer ; trop d'organisations dans lesquels j'aimerais m'investir ; trop d'évènements auxquels je voudrais participer ; trop de projets auxquels j'aimerais contribuer. Mais tellement peu de temps.

En dehors de ça, il y a aussi toutes les sollicitations extérieures, difficilement quantifiables, mais incessantes. C'est évidemment lié à mon boulot d'une part, et à mon implication dans la communauté et mon statut de MVP. Je reçois énormément de mails, de tweets, de messages sur Facebook, venant de gens que je connais ou pas et qui me demandent tantôt un conseil, tantôt complètement un bout de code pour régler leur problème. J'aime ça d'une certaine manière, parce que c'est principalement en répondant à toutes ces questions que je continue à apprendre des choses. Mais c'est un job à temps plein, 24h/24, 7j/7. Et j'essaie de prendre soin de n'oublier personne. (/!\ révélation : je suis loin de tout connaître, et plus d'une fois sur deux je fais une recherche avant de répondre à une question)

the white (dev) house

Et au fond, avec cette colocation, j'aurais très bien pu courir à ma perte. Habiter avec 3 autres développeurs et une graphiste au centre de Mons, c'est à la fois sexy (si si) et en même temps un peu de la folie. Parce que jusqu'alors, ce qui m'empêchait de passer toutes mes soirées sans exception à des activités liées de près ou de loin à l'informatique, c'était le fait de devoir finalement rentrer chez mes parents de temps en temps.

À la Maison Blanche (appelée ainsi pour se rappeler qu'autrefois sa façade était encore d'une couleur identifiable), j'aurais pu passer toutes mes nuits à coder. Rester au boulot jusqu'à pas d'heure. Me nourrir de junkfood et m'arrêter uniquement le temps de sortir boire un verre sur la Grand Place de Mons avec quelques-uns de mes amis du même monde que moi.

Une des pièces de la maison est aménagée en hackerspace ! L'idée initiale était d'ouvrir l'espace à quelques motivés un soir par semaine histoire de bidouiller, mais cela ne s'est finalement jamais fait.

On code bien sûr souvent le soir, chacun sur nos projets. Nous avons tous les cinq des horaires un peu compliqués et instables, mais lorsque chacun s'organise on arrive même à passer des soirées ensemble pour faire une activité commune.

less is more

Et c'est là finalement que j'ai véritablement eu de la chance... bien que l'on travaille tous dans le même domaine, chacun de mes colocs a ses propres centres d'intérêts, autres que les joies du code. Le jardinage, le vélo, la course à pieds, la cuisine, la musique, les arts plastiques, ...

Une dynamique positive s'est rapidement installée à la maison, m'entraînant naturellement dans son élan. L'influence de mes colocataires me motive à faire d'autres choses que de simplement passer mes soirées à coder, rédiger un nouvel article technique, ou réfléchir à un nouveau (nom de) projet. Il parait qu'on est la moyenne des 5 personnes avec lesquelles on passe le plus de temps, selon Jim Rohn. Et si l'on accepte que l'environnement dans lequel on se trouve a une influence sur notre façon d'agir et de penser, alors je pense pouvoir me considérer comme chanceux d'être où je suis.

Ces derniers temps, je cours davantage et fais des activités sportives. Je fais de nouvelles expériences culinaires et ai une alimentation beaucoup plus saine de manière générale. Je me suis remis à la musique. J'ai recommencé à lire autre chose que des bouquins techniques. Par contre, j'ai drastiquement diminué ma consommation de séries. J'ai également arrêté la cigarette.

Je me suis longtemps enfermé dans une situation inconfortable. Un mélange de fausses excuses et de culpabilité. Tout ce qui n'était pas lié de près ou de loin au boulot, je le considérais comme une perte de temps. Combien de fois ai-je répondu "désolé, j'ai trop de boulot ce soir" lorsqu'on me proposait d'aller courir ? La peur de ne pas réussir à achever une tâche dans le délai imparti nous fait croire que toute distraction nous conduira nécessairement un peu plus vers l'échec.

Mais en toute honnêteté, ce n'est pas une heure de plus ou de moins qui fera la différence. A présent, je m'encourage à faire ce genre de break dès que je vois que ma productivité baisse. Prendre une heure pour courir le soir ou sur le temps de midi, et reprendre le boulot après. Au pire, la situation est restée inchangée. Au mieux, je me suis suffisamment aéré pour avoir les idées claires.

En vérité, j'utilise d'avantage mon temps libre pour me reposer l'esprit, ce que je me refusais avant... au nom de toutes ces choses à faire et du manque de temps dont je pensais souffrir à cause de mon obsession du travail. Désormais, je consacre moins de temps à mon boulot, mais je sens que ce temps est beaucoup plus productif. Je me sens moins fatigué intellectuellement et j'arrive mieux à rester concentrer. Je regrette de ne pas avoir gardé RescueTime ces derniers temps. Je suis persuadé que les stats auraient été intéressantes...

Qu'en est-il pour vous ?

Comment gérez-vous votre temps, le boulot, les loisirs ? Vous sentez-vous parfois fatigué avant même d'avoir commencé la journée ? Si oui, il serait peut-être temps de vous laisser un peu de temps.

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